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Gérer sa colère : comment accueillir cette émotion intense ? 

Gestion de sa colère

Colère et saisons

Avez-vous l’impression de vous mettre plus facilement ou plus souvent en colère en été, lorsqu’il fait chaud ?

L’Ayuréda apporte une réponse à cela !

En effet, l’Ayurvéda associe la saison estivale à l’élément feu, qui est également lié au dosha pitta. Pendant l’été, le soleil brille intensément, la chaleur est accrue et l’énergie du feu est dominante. Cela entraîne parfois un déséquilibre du dosha pitta chez certaines personnes, ce qui peut alors se manifester par des émotions telles que la colère.

Pourquoi ressentons-nous de la colère ?

La colère dans la médecine traditionnelle chinoise ​

colère médecine chinoise

En médecine chinoise, la colère est associée à l’élément bois qui est lié au foie et à la Vésicule Biliaire. Elle englobe un éventail d’émotions comme la frustration, le ressentiment, la colère refoulée, l’injustice, l’amertume, le stress.

Lorsque la colère affecte le Foie, son énergie ascendante entraîne divers symptômes tels que maux de tête, vertiges et acouphènes, tensions dans la nuque et les trapèzes. Nous pouvons également ressentir une sensation d’oppression thoracique, ou encore des problèmes digestifs. Ces derniers sont dus à une dominance de l’Élément bois qui perturbe la rate et l’estomac.

En cas de stagnation de l’énergie due à la colère, des blocages se forment au niveau de la gorge. Des problèmes gynécologiques peuvent aussi apparaître. En effet, le foie est lié étroitement lié à l’utérus et aux cycles féminins.

La colère est une émotion très yang qui nous pousse à nous défendre en cas de menace. C’est un signal d’alarme qui nous indique que nos limites sont en train d’être franchies ou que nos besoins ne sont pas respectés. Il est légitime de ressentir de la colère et de l’exprimer ! En effet, cela nous permet de réaffirmer nos droits et de nous protéger. Exprimer sa colère peut être un moyen de se faire respecter et, par conséquent, de nous respecter aussi.

La colère, une émotion intense qui passe par le corps

La colère est une émotion intense. Elle est souvent déclenchée en réponse à une situation perçue comme injuste, menaçante ou frustrante. Cette émotion est principalement régulée par le cerveau limbique, la partie du cerveau responsable de la régulation des émotions.

Lorsque nous ressentons de la colère, notre cerveau limbique envoie des signaux à notre corps pour déclencher une réaction de lutte ou de fuite. Cela peut se traduire par une augmentation de la fréquence cardiaque, une accélération de la respiration, une tension musculaire et une libération d’adrénaline. C’est essentiellement dans le corps que se manifestent les émotions.

 

C’est pour cela que le yoga m’a beaucoup aidée.

En effet, c’est une pratique qui nous connecte à notre corps, à nos sensations, dans l’accueil de ce qui se passe dans le moment présent, sans jugement. Cette observation permet de prendre de la distance face à ce qui nous traverse, comme les pensées et les émotion-. Le yoga nous encourage à réagir avec bienveillance dans notre vie quotidienne lorsque des événements comme la colère s’emparent de nous.

Bien sûr, lorsque nous sommes complètement identifiés (submergés) à l’émotion, il n’est plus possible de reculer. Par contre, il y a un moment où il est parfois possible d’agir. Je dis parfois parce que ce petit instant est fugace, à peine saisissable. Et lorsqu’il est là, il se passe comme une suspension, un espace qui nous permet de respirer, ne pas réagir tout de suite.

Pourquoi se met-on dans des états de colère ?

Souvent nous nous retrouvons confrontés au décalage entre l’ampleur des émotions et les faits. Pourquoi n’est-il pas possible de réfléchir d’une manière rationnelle dans ces moments de crise ? Pourquoi sentons-nous abandonnés, sans valeur ?

C’est parce que ces situations activent des souvenirs douloureux, parfois inconscients, très souvent reliés à notre enfance.

J’ai souvent essayé de chasser la colère, mais l’émotion revenait souvent de façon plus intense quelques temps après. J’avais aussi l’impression de me nier et je n’étais pas en accord avec cela.

Ce qui m’aide dans ces moments de crise avant que cela n’explose, c’est de m’éloigner de la personne qui me provoque cette émotion intense et de me dire qu’il n’y a pas de lutte à l’intérieur de moi. J’ai le droit, et j’accueille cette colère qui exprime un réel besoin. C’est souvent celui d’une petite fille qui n’a pas été entendue, qui a souffert. Lorsque j’en prends conscience, je vais vers elle et lui prends la main. Je reviens un instant dans le passé pour lui dire que tout va bien se passer parce que je suis là, moi, adulte. Cela me permet de venir en paix à l’intérieur de moi. Ensuite, cela facilite la communication avec l’autre.

Enfin, souvenons que la colère n’est pas une émotion négative. En effet, elle permet l’affirmation d’une partie de nous qui n’a pas été entendue, reliée à une ou plusieurs situations passées. De ce fait, elle nous mène vers la clé de libération de nos schémas répétitifs, c’est-à-dire lorsque la colère s’active à chaque fois de la même manière.

 

J’aime beaucoup le philosophe Alain, qui nous parle de la colère en ces termes :

Le philosophe Alain à propos de la colère -

Vu homme qui est est en colère se joue de lui-même une tragédie bien frappante, vivement éclairée, où il se représente tous les torts de son ennemi, ses ruses, ses préparations, ses mépris, ses projets pour l’avenir; tout est interprété selon la colère et la colère en est augmentée. Voilà par quel mécanisme une colère finit en tempête, et pour de faibles causes, grossies seulement par l’orage du coeur et des muscles. (…) Ici encore il faut, par réflexion, dominer l’éloquence des passions et refuser d’y croire. Au lieu de dire : « Ce faux ami m’a toujours méprisé », dire : « Je ne suis qu’un acteur tragique qui déclame pour lui-même ». Alors, vous verrez le théâtre éteindre ses lumières faute de public ; et les brillants décors ne seront plus que des barbouillages ».
Alain

En conclusion, la colère est un état d’être comme un autre. Il suffit de mettre la conscience dessus pour qu’elle efface aussitôt ses contours. La colère n’est qu’un mouvement de vie qui se manifeste dans la densité terrestre, lorsqu’elle ne reste pas enfouie des années dans le corps, ce qui arrive des fois. Accueillir la colère ouvre la porte à qui nous sommes, dans les profondeurs de nos ombres. Notre histoire détermine notre identité. Délier, dénouer ce qui nous met en souffrance est un élan vers la libération de l’âme, jivanmukti.

Colère gestion de ses émotions

Gérer sa colère : le principe du détachement dans la philosophie hindoue

Le détachement consiste à observer ses émotions sans s’attacher à elles et à ne pas leur donner le pouvoir de contrôler nos actions. Dans le cas de la colère, le détachement permet de prendre du recul par rapport à la situation, afin de ne pas réagir de manière impulsive. Au lieu de laisser la colère nous submerger et nous pousser à agir de façon destructive, le détachement nous invite à observer cette émotion et à comprendre ses origines.

Ainsi, en pratiquant le détachement par rapport à la colère, on peut apprendre à l’accueillir en nous, sans la chasser et à utiliser cette émotion comme un signal pour prendre conscience de nos limites et de nos besoins. Le détachement nous permet également de cultiver la compassion envers nous-mêmes et envers les autres. En effet, nous reconnaissons alors que la colère est bien souvent le résultat de la souffrance et de la peur.

 

Dans les Yoga Sutras, texte ancien qui développe les principes du yoga, Patanjali décrit le concept de Vairagya, qui peut être traduit par « détachement ». Ce principe invite les pratiquants de yoga à cultiver une attitude de détachement vis-à-vis des plaisirs et des douleurs de la vie, mais aussi des émotions et des pensées qui peuvent perturber l’équilibre intérieur.

Voici quelques pratiques qui peuvent vous aider à revenir au corps, et donc gérer votre colère. C’est essentiel lorsqu’on éprouve des difficultés à accueillir nos émotions. En effet, apprendre à prêter attention à notre corps et localiser où se situe la tension permet de rester en contact avec soi sans s’identifier complètement à l’émotion.

Quelques pratiques qui aident à accueillir sa colère

Mahajnana, la mudra du détachement

Cette mudra aide à nous centrer dans le cœur, à retrouver notre force en lien avec notre essence. De plus, elle favorise la clarté mentale, la prise de recul et la connexion avec notre sagesse intérieure.

Pratiquer Mahajnana mudra pendant la méditation ou dans des moments de stress et de colère permet de retrouver un état de calme et de paix intérieure.

Joignez pouce et index de la main droite et placez la main devant le coeur.

mudra gestion colère

Pour prendre cette mudra : joignez pouce et index de la main droite et placez la main devant le coeur.

Samavritti pranayama, la respiration carrée

Photo : image de Hatha Yoga du Yoga Pradipika, 19ème siècle

Cette respiration se nomme la respiration carrée car elle se fait en 4 phases parfaitement égales.

La respiration carrée permet d’apaiser notre respiration, qui peut être oppressante, voire saccadée par l’émotion de la colère qui nous assaille.

Elle nous invite à venir dans notre stabilité intérieure, à notre ancrage reliée à la Terre Mère. De plus, elle nous permet de garder notre énergie à l’intérieur de nous, en évitant d’éventuelles fuites énergétiques.

Elle nous amène de la force et apaise le mental. La respiration, c’est revenir à notre source de vie.

Pour pratiquer Samavritti pranayama, voici les 4 étapes :

1. un temps d’inspiration

2. un temps de rétention poumons pleins

3. un temps d’expiration

4. un temps de rétention poumons vides.

Nous pouvons par exemple commencer par un compte de quatre, puis cinq.

D’ailleurs, compter dans ce cas précis peut nous aider lorsque nous sommes trop pris par l’émotion ou par nos pensées.

Faire plusieurs cycles pendant quelques minutes.

Grossesse (faire sans les rétentions)

Les huiles essentielles en olfaction

Respirer les huiles essentielles lorsqu’on est en colère permet d’une part de libérer la respiration, et d’autre part de se concentrer sur leur odeur et profiter de leurs bienfaits physiques, nerveux, émotionnels et énergétiques. En effet, l’odorat est étroitement lié au cerveau limbique qui est le siège de nos émotions et de nos souvenirs. Lorsque nous inhalons les huiles essentielles, elles activent des réponses dans cette partie du cerveau, ce qui peut influer nos émotions, nos pensées et notre état d’esprit. Au delà de ces bienfaits, elles nous connectent à ce qui est essentiel, à la source même de qui on est. 

Les huiles essentielles de lavande vraie, de coriandre, de bois de santal, de géranium bourbon, de marjolaine à coquilles, de petit-grain clémentinier ou bigaradier, de saro, de palmarosa, de rose de Damas, du vétiver, du cèdre de l’Atlas sont intéressantes à respirer lorsqu’on sent irritable ou en colère.

« L’âme de la rose » (1908) de John William Waterhouse / Bridgeman images

La méditation du bleu

La méditation est un bon moyen pour accueillir la colère, notamment car elle permet de prendre du recul face à nos émotions. Apprenez à méditer avec Alexis sur notre chaîne YouTube.

Asseyez-vous dans une position confortable et fermez les yeux. Observez votre corps, ses tensions, localisez-les sans rien changer. Observez maintenant vos émotions et vos pensées. Puis imaginez une lumière bleue rafraîchissante créer de l’espace en vous à chaque inspiration, et une très longue expiration vers la Terre, vers cette stabilité qui vient embrasser tout ce que vous êtes au moment présent, avec bienveillance.

Cette lumière bleue à l’inspiration passe par votre gorge et crée un espace clair dans votre tête et à l’expiration emportent toutes les tensions et pensées qui vous bloquent.

Puis visualisez cette lumière bleue comme une bulle transparente enveloppant votre corps, avec vous au centre. Vous vous sentez en sécurité à l’intérieur de cette bulle, votre respiration permet de l’agrandir librement. C’est un espace vital préservé où vous vous sentez oxygéné et détendu.

Enfin, au-delà de ces pratiques, faire de l’exercice physique comme la marche est bénéfique pour libérer les tensions, faire circuler l’énergie dans le corps, se recentrer et apaiser les émotions.

« Un moine décide de méditer seul. Loin de son monastère, il prend une barque et se rend au milieu du lac, ferme les yeux et se met à méditer. Après quelques heures de silence imperturbable, il sent soudain le coup d’un autre bateau frapper le sien. Les yeux toujours fermés, il sent sa colère monter et, quand il ouvre les yeux, il est prêt à crier sur le batelier qui a osé troubler sa méditation. Mais quand il ouvrit les yeux, il vit que c’était un bateau vide, non amarré, flottant au milieu du lac… À ce moment, le moine atteint la réalisation et comprend que la colère est en lui ; elle a simplement besoin de frapper un objet externe pour être provoquée. Après cela, chaque fois qu’il rencontre quelqu’un qui l’irrite ou provoque sa colère, il se souvient : l’autre personne n’est qu’un bateau vide? La colère est en moi. »
Thich Nhat Hanh
Gérer sa colère : comment accueillir cette émotion intense ? 

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