Ou comment mettre des mots sur l’insaisissable:
« Car la respiration, si discrète, à la limite de l’imperceptible, est d’une puissance formidable. Par son biais, à l’occasion de postures, ou de manière imprévue, je ressens un sentiment d’ouverture, mais aussi de concentration de la vie, tout à coup comme rassemblée au coeur de soi, comme si je touchais la source d’où vient la vie elle-même, qui fait qu’il y ait existence ou non. Difficile à expliquer, c’est très intense et très calme à la fois, mais quand on a goûté à cette saveur…
Une sorte de joie sans objet m’habite alors, une joie qui ne dépend ni des choses, ni des autres, ni même sans doute de moi…
Respirer parait peu de chose et pourtant c’est devenu pour moi un bien estimable, un appui, une aide, pour aller dans la vie; pour aller dans la vie avec un peu plus de paix et de lumière. »
« Le Yoga comme art de Soi », de Phillipe Filliot (Actes Sud)