Pour le premier article de l’année, je voulais partager avec vous un Mantra magnifique, que nous chantons souvent avec les élèves durant les stages. Ce Mantra m’amène dans des états de joie et de connexion très profonds.
Mais déjà, qu’est ce qu’un Mantra ?
« Par la répétition mentale constante du Mantra, on est protégé et libéré du cycle des naissances et des morts. Un Mantra s’appelle de ce nom parce qu’il est accompli par le processus mental. La racine « man » dans le mot Mantra vient de la première syllabe du mot qui veut dire ‘penser’ et ‘tra’ veut dire ‘protéger’ ou ‘libérer’ des liens du monde des phénomènes. Un Mantra génère la force créatrice et donne la félicité éternelle. Un Mantra, lorsqu’il est constamment répété, éveille la conscience. »
Swami Sivananda
Les Mantras, répétition d’un son (le Mantra le plus connu est « Om ») ou d’une combinaison de sons spécifiques (« Om Nama Shivaya ») sont des outils puissants d’apaisement, de stabilité et de régulation du mental. Par la répétition, le mental est canalisé, et la vibration sonore entre en résonnance de manière subtile avec différentes parties de nos Koshas.
Les Mantras ouvrent des chemins de conscience, et touchent à des aspects très subtils de notre Etre.
« Au commencement était le Verbe. Le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. » La Bible
La parole, les sons, les mots et les Mantras font partie intégrante de la philosophie et de la cosmologie hindoue.
Selon la Tradition, le son créateur de l’Univers est le son Aum, cette vibration « Big Bang » qui permit à l’univers de se déplier, de s’expanser. Avant lui, l’Univers était replié sur lui-même, enroulé dans la Shakti (Energie cosmique). Après le son Om, et la première différenciation, la masse d’énergie primordiale se diffusa alors sous forme d’ondes, continuant de se différencier et de s’étendre. Puis l’énergie se développa sur le plan grossier, avec la création de 50 sons, à l’origine de toutes les formes physiques, dans des combinaisons variées, du Monde que nous connaissons. Le son est donc à l’origine de la forme, et la forme est le son manifesté. Le son audible est la forme la plus grossière du son, et la pensée pure en est la forme la plus subtile. La répétition des Mantras permet d’aller du plan grossier du son articulé, des formes, jusqu’à des aspects de plus en plus subtils, non manifestés, et un retour à l’énergie originelle.
Avec Alexis, nous utilisons les Mantras durant certaines méditations. C’est ce qu’on appelle la « Méditation Japa », durant laquelle nous récitons un Mantra 108 fois, en suivant les 108 graines d’un mala.
La concentration et la répétition permettent de donner forme à l’énergie puissante sollicitée par le Mantra.
Lorsque nous répétons un Mantra, avec une intention, nous créons dans nos corps subtils des formes en lien avec les qualités que nous invoquons. Ce sont des « formes-pensées ». L’intention associée à la vibration influence le mental, entre en résonnance avec lui, et se matérialise sous différentes formes. C’est le principe du Sankalpa, ou répétition régulière d’une intention positive. Nous reparlerons du Sankalpa une prochaine fois !
Il existe trois manières de réciter les Mantras :
- Baikhari : à voix haute, articulée ou chantée (Kirtan)
- Upanshu : à voix basse et inarticulée
- Manasik : silencieusement
Durant une pratique intensive de récitation de Mantras, des pensées, des schémas, des peurs, des douleurs peuvent survenir, signe de résonnances avec des blocages ou des aspects à travailler, et preuve que le nettoyage intérieur est en processus. Il s’agit donc de ne pas se laisser prendre dans ses pensées, de ne pas les fuir ou les alimenter, mais de les observer, de les laisser naître en Soi, pour ensuite les transformer, avec pour appui le Mantra.
Alors, pourquoi le Aum Mani Padme Hum ?
C’est le plus célèbre Mantra du Bouddhisme. Je l’ai vraiment découvert (intérieurement) lors d’une retraite bouddhiste à Tushita, en Inde. J’ai appris plus tard que c’était le Mantra d’Avalokiteshvara, le Boddhisattva de la Compassion.
Découverte pas à pas…
AUM – Dans la tradition bouddhiste (on verra dans un prochain article la signification dans la tradition indienne), la première lettre, le A, représente le corps du pratiquant, relié au Corps Pur du Bouddha. Le U symbolise la parole du pratiquant, relié à la Parole Pure du Bouddha, et le M est l’esprit du pratiquant, relié à l’Esprit Pur du Bouddha. Chacun peut se transformer pour atteindre l’état d’Eveil, de « Pureté ». Le pratiquant et le Bouddha sont reliés, et cet éveil est possible grâce au Joyau, « Mani ».
Mani est le Chemin, la Méthode : l’intention altruiste d’atteindre l’Eveil (c’est-à-dire atteindre l’Eveil non pas pour satisfaire son Ego mais pour pouvoir aider l’autre), l’Amour, la Compassion. Toute transformation – ou reprise de Conscience- passe inévitablement par le Cœur… De la même manière qu’un diamant permet de mettre fin à la pauvreté, l’intention altruiste d’atteindre l’Eveil, la Compassion et l’Amour sont capables de mettre fin aux obstacles et d’apporter la paix.
Padme est le Lotus, symbole sacré, que l’on retrouve aussi en Yoga. Le Lotus est la représentation de la Sagesse. Il symbolise la capacité, en chacun de nous, de s’élever de notre condition pour atteindre l’Eveil, tout comme le Lotus s’épanouie vers la lumière sans être souillé par la boue dont il provient. La Sagesse permet de s’extraire de la contradiction. La Sagesse permet de réaliser l’Impermanence, la Vacuité, la Non-Dualité et l’Illusion de l’existence.
Le Hum est l’Indivisibilité de la Méthode et de la Sagesse, menant à la Pureté. Ces deux aspects – Méthode et Sagesse – Sont Un : On retrouve les deux « ailes » de tout cheminement spirituel : Sagesse et Compassion. « Hum » est le Mantra du célèbre Buddha Akshobhya, l’Immuable, qui ne peut en rien être perturbé.
Ainsi, le Mantra Om Mani Padme Hum nous enseigne que le chemin est l’Union indivisible entre la Sagesse et la Méthode -Amour, Compassion, Intention altruiste d’atteindre l’Eveil-. Tous les Etres, par essence, ont naturellement la nature du Bouddha, et le germe de la Pureté est en chacun. Il suffit juste d’en reprendre Conscience …